« Salut toi!
Oui, oui, toi, le gars sur le trottoir coin Ontario/Pie IX.
Le bras doué de Montréal comme j'aime le mentir aux touristes qui viennent faire un p'tit tour dans mon coin.
Je trottais là, comme ça, en quête de rien, café glacé à la main au travers de ce royaume qui est la machine à sous de la Promenade Ontario et je peux le dire : "j'ai gagné le Jackpot".
J'ai gagné le jackpot parce que je t'ai vu, toi, celui avec la veste de jeans qui a l'air de sentir le bois de santal pis le privilège. Celui avec les avant-bras bronzés comme si t'avais passé l'été à réparer des bateaux chers, j'vais te le dire : "si j'avais eu de la corde, je t'aurais bien amarré à mon quai, mon beau marin au large".
Je ne sais pas si tu t'en souviens, ça s'est passé lundi vers 16h42, il faisait environ 22.4 degrés, vent du sud-ouest. C'est là que nos regards se sont croisés et, pour la première fois de ma vie, j'ai soutenu le regard et je ne l'ai pas baissé. J'ai souri.
Toi, tu mangeais une banane. Je sais que c'est accessoire tu vas me dire, mais bravo, bravo pour tes beaux choix de vie. J'aime ça les bananes moi aussi, mon Dieu on est pareils!
Je t'aime.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, peut-être une crampe ou un genre de micro-ACV amoureux, mais depuis ce temps-là, je suis en mesure de le dire : j'ai un nouveau chum. C'est toi. T'es pas au courant, mais c'est vrai.
Mais je peux te dire que je gère très bien les relations à sens unique, je vois d'ailleurs ma psy à ce sujet la semaine prochaine.
En passant, tu t'appelles David-Alexander. Oui, t'es un gars de Toronto qui a déménagé récemment ici pour les affaires. En tout cas, c'est ça que je me dis dans ma tête. Check comment je ne suis pas compliqué : je t'aime sans t'achaler, je te désire sans t'ajouter sur Instagram. Je te laisse vivre librement, mais dans ma tête on partage déjà un compte Crave.
Alors voilà, mon bel inconnu, si jamais t'entends ce message, dis-toi que j'ai Googlé : "pourquoi je suis ému par un inconnu qui marche vite sur la rue".
- Le gars qui a oublié de traverser parce qu'il t'a regardé pendant trop longtemps. »