Alexandre Champagne rédige un magnifique texte à l'attention de sa fille pour son septième anniversaire

« Très chère Jeanne, mon amour.

Tu arrivais au monde il y a sept ans aujourd'hui, à mon plus grand bonheur. J'avais explosé en larmes dans une confusion totale, à la fois transcendé par ton existence et pas super certain de pourquoi t'étais gluante et ratatinée.

C'était comme dans les films, mais ajoute une scène où ton père fait semblant d'avoir du courage et de savoir ce qu'il fait quand la docteure lui demande de couper le cordon ombilical. "Haha! Ben oui, j'veux l'faire", dis-je avec assurance avant de réaliser que c'est vraiment plus coriace que ce que je pensais et que j'avais coupé trop long pis tout croche. Ça commence ben, mais rassure-toi, je fais tout en mon pouvoir pour ne pas être un cave en permanence.

Tout comme cette année, décembre s'était laissé désiré quant à la tombée de ses premières bordées de neige. Puis, quand t'es arrivée, les flocons se sont mis à tomber doucement. Tu voulais nous en mettre plein la vue avec le beau spectacle. Ça, où t'es juste née à la date moyenne à laquelle la neige tombe pour la première fois en décembre selon les statistiques.

Je sais que c'est la deuxième option, mais laisse-moi croire que t'es spéciale, OK?

Dans les 24 heures qui ont suivi, mon cerveau surchauffait et mon corps m'avait abandonné. J'avais pas dormi pendant 36 heures, j'étais émerveillé par ta présence, mais je doutais de toutes mes capacités à t'aimer comme il se doit. J'avais plusieurs missions : trouver l'équilibre entre le support et la liberté pour toi, faire le plus grand don de moi-même sans m'oublier et aiguiser ma patience et réorganiser mes priorités.

Ç'a m'a pris du temps pour sortir de la peur et j'ai encore du chemin à faire pour être le père que j'aimerais être. Ça fait drôle à dire, mais j'ai parfois l'impression que tu prends le relais quand tu sais que j'ai une passe difficile. Je me demande si c'est moi qui nourrit mon enfant, ou mon enfant qui me nourrit. Mais c'est toi, le nourrisson. J'voudrais jamais que tu te donnes ce rôle-là, même si c'est tout naturel chez toi, parce que t'es une boule d'amour sensible qui aime l'harmonie et la tranquillité.

Heureusement pour nous, on est bien entourés. Que ce soit la famille ou des gens qui ont croisé notre route récemment et qu'on oubliera jamais, tous m'ont inspiré à mieux t'aimer et à prendre le temps, autant dans les moments grandioses que dans les petites célébrations significatives qui vont marquer ton enfance.

Alors, ma belle Jeanne, celle que je rebaptise à chaque jour La Jams, Jambi, Janks, Bamji, Loulou, pinotine, Chan Chan, Sam Gamji ou encore mon préféré, Jeanninou ; je nous souhaite d'autres merveilleux jours à se découvrir et à apprendre à se connaître.

J'aime ça te voir apprendre, j'aime ça quand tu me demandes spécifiquement d'avoir une "conversation", j'aime ça aussi quand tu me demandes d'arrêter de t'expliquer des affaires. J'aime ça quand tu prends confiance en toi, j'aime encore ça quand tu t'endors dans mes bras et par-dessus tout, j'aime ça juste être là, assis parterre, à inventer des jeux stupides parce que tu veux rire fort. Pis esti que tu ris fort! Ça me garde en vie.

Sois certaine, Jeanne, que je vais me reconstruire souvent pour que tu puisses m'habiter confortablement. J'ai des bons outils maintenant.

Tout ce qui me reste à faire, c'est d'attendre que tu sois assez vieille pour t'ouvrir un compte Facebook pis lire mon message.

T'es ma fille préférée au monde. »